Le 23 août 2019, Eddie Aït, président du groupe RCDEC au Conseil régional d’Île-de-France, a adressé au Préfet de Paris et d’Île-de-France une mise en demeure de mobiliser les moyens de l’État pour lutter contre les décharges sauvages en Ile-de-France en général et à Carrières-sous-Poissy en particulier.
Retrouvez ci-dessous l’intégralité de ce courrier.
Monsieur le Préfet,
Le lundi 5 août 2019, le maire de Signes, commune située dans le département du Var, a trouvé la mort après avoir été renversé par un fourgon alors qu’il empêchait deux employés d’une entreprise de travaux publics de déverser des gravats sur un terrain privé.
Ce drame a relancé la polémique autour des dépôts et décharges sauvages.
Pour de nombreux élus locaux qui y sont confrontés, la situation n’est plus soutenable. Plus qu’une atteinte à l’environnement et au cadre de vie, les décharges sauvages constituent un problème majeur de santé publique.
Une étude de l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME), publiée en février 2019, fait état d’une « pratique ancrée » et qui subsiste malgré l’urgence environnementale. Preuve en est la carte d’Alerte Pollution : plus de 580 lieux ont été signalés dans l’Hexagone.
Dans un rapport du mois de février 2018, l’Institut Paris Région s’intéressait aux conséquences de la mauvaise gestion des déchets sur la santé. Il indiquait notamment que « les troubles constatés chez des populations vivant à proximité de décharges malodorantes sont des insomnies, de la fatigue, des irritations pulmonaires et une modification du goût et de l’odorat ».
Parmi les régions les plus touchées, on compte l’Île-de-France. Elle s’illustre notamment par la décharge sauvage à ciel ouvert qui s’est constituée depuis 2015 sur l’ancienne plaine maraîchère de Carrières-sous-Poissy. Tristement baptisée « la mer de déchets », elle est recouverte de plus de 8000 tonnes de déchets – certains contenant de l’amiante – sur plus de 40 hectares.
Les dépôts sauvages de déchets peuvent représenter jusqu’à un cinquième du volume de déchets collectés dans les circuits traditionnels chaque année en Île-de-France, soit 20 à 25 kilos par
habitant et par an, avec des coûts de prise en charge élevés, allant de 7 à 13 euros, par habitant et par an.Face à ce scandale environnemental, je vous ai interpellé le 1er juin et le 14 septembre 2018.
Dans vos réponses des 26 septembre et 30 octobre 2018, vous m’annonciez le soutien de l’Etat à hauteur de 800 000 euros à la création, avant l’été 2019, d’un groupement d’intérêt public (ce dernier devait avoir pour mission le nettoyage et l’aménagement de l’ex plaine maraîchère de Carrières-sous-Poissy), les actions gouvernementales en cours et les pistes de réflexion comme la reprise gratuite des déchets ou la densification du maillage des déchèteries.
Aujourd’hui, je suis dans l’obligation de constater que la situation n’a pas évolué. Aucune action n’a été entreprise pour l’enlèvement même partiel des déchets. La réponse publique n’est plus au rendez-vous et les demandes répétées des maires de disposer de pouvoirs simplifiés et renforcés en matière de déchets n’ont toujours pas été satisfaites.
L’Etat soldera-t-il enfin, avec les collectivités territoriales, le passif des centaines de décharges sauvages qui perdurent encore ? Combien de temps encore faudra-t-il attendre ?
Je suis consterné d’apprendre qu’il n’existe aucun contrôle de la réalité de la bonne mise en décharge des déchets produits, notamment dans des secteurs comme le BTP. De ce manque d’encadrement résulte une double charge pour les collectivités locales, qui font face à la multiplication des décharges sauvages alors même qu’elles supportent les coûts de l’installation
et du fonctionnement des déchèteries.Je vous demande, Monsieur le Préfet, de bien vouloir prendre les mesures administratives et réglementaires nécessaires pour obtenir, par l’application du principe du pollueur payeur, le nettoyage des décharges sauvages en Ile-de-France.
Les mouvements citoyens, à l’exemple du World Clean Up Day, dont la prochaine action en France est organisée le 21 septembre 2019, sont indispensables. Mais elles ne peuvent pas et ne doivent pas se substituer aux responsabilités publiques.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Eddie Aït
Président du Groupe Radical, Citoyen, Démocrate, Ecologiste et Centriste au Conseil régional d’Ile-de-France
Conseiller municipal de Carrières-sous-Poissy