Dans une question écrite en date du 28 mars 2019, Eddie Aït, président du Groupe RCDEC, et Jean-Luc Romero-Michel, conseiller régional et ambassadeur pour une Île-de-France sans SIDA, ont interrogé Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île-de-France, sur les mesures à mettre en œuvre pour lutter contre les papillomavirus et leurs conséquences sur la santé des Franciliennes et des Franciliens.
Madame la Présidente,
Le 20 mars 2019, un collectif de 50 sociétés savantes et syndicats médicaux, incluant les Académies de médecine et de pharmacie, a adressé aux pouvoirs publics un appel demandant la « vaccination universelle gratuite ou remboursée, sans distinction de sexe ou de risque » contre les papillomavirus (HPV).
L’infection HPV est fréquente puisqu’on estime que plus de 70% des hommes et femmes sexuellement actifs rencontreront un HPV au moins une fois dans leur vie.
L’infection HPV est contagieuse : la transmission se fait principalement par contact intime, de peau à peau, même sans pénétration avec une/des personnes porteuses du virus. Le préservatif reste important mais ne procure qu’une protection incomplète car les virus peuvent être présents sur des zones de la peau non recouvertes. Environ 60 % des partenaires de personnes infectées développeront eux même une infection HPV.
En 2017, on estime en France à plus de 7000 le nombre annuel de nouveaux cas de cancers liés aux papillomavirus. Ces cancers touchent les zones intimes des femmes et des hommes (vulve, vagin, col de l’utérus, anus et pénis) mais aussi des voies aérodigestives supérieures (bouche et gorge).
Le cancer du col de l’utérus est, pour sa part, causé quasi exclusivement par les papillomavirus à haut risque cancérigène. Tous les ans, 3000 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus sont détectés, 1100 femmes en meurent chaque année soit 3 par jour. 90% environ de ces cancers du col de l’utérus pourraient être évités en France si l’ensemble des femmes de 25 à 65 ans se faisaient dépister régulièrement.
La vaccination papillomavirus a également fait la preuve de son efficacité sur les lésions précancéreuses, comme par exemple en Australie ou en Suède où elle a permis de faire baisser de 75% le nombre de lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les jeunes filles vaccinées avant l’âge de 17 ans.
Avec un taux de 19 % en 2018, la couverture vaccinale de la France concernant les papillomavirus est la plus basse d’Europe pour les filles. Elle est de 0% pour les garçons alors que 25 pays l’ont étendu aux deux sexes.
La Ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé réfléchir à étendre la vaccination pour les deux sexes en milieu scolaire en 2019. Tout dépendra de l’avis de la Haute Autorité de Santé qui rendra son verdict d’ici quelques mois. En octobre 2018, les sénateurs français ont adopté une extension de la couverture vaccinale contre les infections à HPV aux garçons dans deux régions choisies pour cette expérimentation : la région Grand-Est et la région Auvergne-Rhône-Alpes.
L’Ile-de-France ne peut rester en retrait sur cet enjeu de santé publique et doit mobiliser ses leviers d’action pour valoriser la prévention, le dépistage, la vaccination pour tous les publics mais aussi la lutte contre les fausses informations véhiculées par les anti-vaccins.
Notre région est en effet particulièrement concernée par le problème :
Couverture vaccinale contre les virus HPV
Schéma vaccinal complet – 3 doses à 16 ansSeine-et-Marne 20,8 Yvelines 19,8 Essonne 19,2 Hauts-de-Seine 18,9 Val-de-Marne 17,3 Val-d’Oise 16,1 Paris 14,5 Seine-Saint-Denis 9,9 Source : Santé Publique France, Avril 2018 – données 2017.
Face à ce constat et considérant le rôle important de la Région en matière de prévention et de promotion de la santé, notamment chez les jeunes, le Conseil régional d’Île-de-France pourrait s’engager à :
- mettre en œuvre une campagne d’information sur la vaccination dans les lycées, CFA et transports franciliens ;
- publier une brochure sur les virus HPV et les moyens de s’en préserver ;
- soutenir techniquement et financièrement les structures contribuant à une meilleure information, vaccination et dépistage au niveau francilien ;
- financer des actions de communication contre les fausses informations concernant la vaccination contre les papillomavirus, notamment sur internet.
Madame la Présidente, quelles sont les mesures susceptibles d’être prises par Réponse de Valérie Pécresse à la QE sur le Papillomavirusle Conseil régional pour lutter durablement contre les papillomavirus et leurs conséquences sur la santé des Franciliennes et des Franciliens ?
[MàJ] Nous avons reçu la réponse de Valérie Pécresse le 3 juin 2019, à découvrir ci-dessous.